Argumentaire
Dans le cadre de ses activités culturelles et scientifiques, l’Académie du Royaume du Maroc attache une importance particulière au patrimoine marocain. Contribuer à une meilleure connaissance de ses principales composantes, à leur valorisation et à leur préservation fait partie de ses priorités.
Il en est ainsi de la dimension architecturale de ce patrimoine en général et, plus particulièrement, du site archéologique d’une cité, Sijilmâsa, qui a joué un rôle considérable dans l’histoire médiévale. Son seul nom fait vibrer l’imaginaire collectif. Située au sud-est du Maroc, dans l’oasis du Tafilalelt, au cœur des steppes présahariennes, Sijilmâsa fut en effet un carrefour majeur de l’histoire de l’Afrique-monde et du monde méditerranéen au Moyen-Âge.
Premier « port » avant la traversée du Sahara, cette cité, siège des maisons de commerce de marchands musulmans et juifs du VIIIème au XIVème, fut le principal marché de l’or soudanais et durant toute cette période. Les écrits de voyageurs, de géographes et de marchands, les monnaies frappées à Sijilmâsa constituent autant d’éléments d’une documentation qui permet de mesurer l’importance des fonctions plurielles de cette cité médiévale à différentes échelles.
Plusieurs campagnes de fouilles ont été conduites pour essayer de mettre au jour les vestiges de ce passé prestigieux. Dans la continuité de ce qui a été déjà réalisé, l’équipe conduite conjointement par (INSAP/CERA- Maroc) et François-Xavier Fauvelle (TRACES CNRS/EHESS/INRAP/- France) a entrepris depuis 2012 de documenter et de valoriser ce site archéologique et patrimonial majeur pour l’histoire du Maroc, du monde africain et musulman et des relations transsahariennes.
Se trouvant non loin de l’oued Ziz, à proximité de Rissani, où repose le fondateur de la dynastie alaouite, Moulay Ali Chérif, le site archéologique de Sijilmâsa, composante essentielle du patrimoine national, est en péril. Il doit être sauvegardé. La raréfaction des disponibilités foncières, les extensions urbaines et la multiplication de certaines pratiques (prélèvements non autorisés de sable, rejets des déchets urbains et gravats) compromettent la conservation du site, alors même qu’il vient d’être classé et que des fouilles sont en cours.
L’Académie du Royaume du Maroc lance l’alerte afin que les acteurs, à tous les échelons, soient davantage sensibilisés aux enjeux majeurs, en termes de symbolique patrimoniale, de développement local et d’aménagement du territoire, d’une exploration rigoureuse et méthodique de ce site archéologique de première importance que le Maroc a en partage avec l’Afrique, le monde méditerranéen et d’autres pays.