L’Académie du Royaume du Maroc organise du 1er au 3 mars à Rabat, un colloque international intitulé « L’oralité, un registre privilégié d’interlocution ou un paravent pour l’Afrique ? ». L’ouverture solennelle de cette rencontre aura lieu le mercredi 1er mars à 17h et sera marquée par une allocution de M. le Secrétaire perpétuel et en présence du romancier cinéaste Atiq Rahimi, prix Goncourt 2008 et de personnalités africaines du monde de la littérature et des arts. Le colloque qui s’inscrit dans le cadre des activités de la Chaire des Littératures et des Arts africains, se propose d’explorer les richesses intellectuelles africaines en mettant l’accent sur les littératures orales. Ce patrimoine transmis par la seule force de la mémoire vocale renvoie aux contes, aux chants, aux joutes, aux sons, aux mythes, aux proverbes, aux légendes, aux épopées, aux fables, aux « kabary malagasy ». La parole qui se déploie à travers un récit n’est-elle pas la chose du monde la plus partagée ? Pourquoi dès lors les représentations sur l’Afrique ont-elles davantage mis en avant l’oral, le griot, le chaman, l’oracle, le diseur comme l’emblème le plus éloquent – voir l’unique – de ce continent et de ses habitants ? L’objectif de ce colloque international est d’examiner la puissance du patrimoine matériel et immatériel africainpour une meilleure connaissance deses atouts et atours,de ses avantages et de ses limites. Cette universalité de l’art oral africain sera l’autre enjeu des journées de réflexion consacrées à l’oralité en terre africaine et aux correspondances qu’elle entretient avec d’autres territoires comme ne manquera pas de le souligner Atiq Rahimi, prix Goncourt 2008.
Ce colloque, au format original, entend replacer au centre des marqueurs culturels la gnose africaine, ses variables épistémologiques, la faculté d’articuler mémoire, agir communicationnel, discours oral et transition du mode conversationnel et interpersonnel vers le tissage de liens toujours plus denses entre les maîtres de la parole – ces Socrates africains – et les historiens pleinement installés comme diseurs et transmetteurs de mémoire. Quels messagers portent encore une parole de surplomb et de riposte ? Comment les dires subsahariens et ceux arabo-amazighs et sémites peuvent mieux se connaitre et dialoguer ? Les narrations orales proposent-elles encore une continuité historique ou s’inscrivent-elles désormais dans une discontinuité paradoxale au regard des évolutions technologiques et des nouveaux réseaux de communication ? Autrement dit, le tambour médiatique africain subit-il les événements en rupture avec les temps des baobabs, des cases à palabres, des potomitans, des togouna et des places Jema’a El Fna où les maîtres de l’éloquence captivaient les attentions et instruisaient les débats fondamentaux ? Autant de questions auxquelles une dizaine d’intervenants dont des chercheurs et artistes marocains et d’autres venant de Guinée, du Burkina Faso, du Sénégal, de Mauritanie, de Madagascar,du Gabonet du Cameroun, apporteront des pistes de réponse, faisant de ce colloque international un moment fort pour une Afrique unie et rayonnante.